NorLou Productions CAXE11700001 (2017).
1. Love For Sale (Porter) 7:48
Ivan Symonds (guitare), Nick Aldrich (basse Fender), Norman Marshall Villeneuve (batterie). Enregistré par N. Villeneuve au Rockhead's Paradise Lounge (1974).
2. The Theme (Blakey) 4:46
Nelson Symonds (guitare), Buddy Jones (orgue Hammond B3), Norman Marshall Villeneuve (batterie). Enregistré par N. Villeneuve au Black Bottom (1965).
3. Out of Nowhere (Green) 12:16
Rockhead's Paradise Show Band : Allan Wellman (trompette), Alvin Pall (saxophone ténor), Linton Garner (piano), Bernie Mackey (guitare), Nick Aldrich (basse Fender), Norman Marshall Villeneuve (batterie). Enregistré par N. Villeneuve au Rockhead's Paradise (1963).
4. Blues Jam (jam session) 10:57
1. Love For Sale (Porter) 7:48
Ivan Symonds (guitare), Nick Aldrich (basse Fender), Norman Marshall Villeneuve (batterie). Enregistré par N. Villeneuve au Rockhead's Paradise Lounge (1974).
2. The Theme (Blakey) 4:46
Nelson Symonds (guitare), Buddy Jones (orgue Hammond B3), Norman Marshall Villeneuve (batterie). Enregistré par N. Villeneuve au Black Bottom (1965).
3. Out of Nowhere (Green) 12:16
Rockhead's Paradise Show Band : Allan Wellman (trompette), Alvin Pall (saxophone ténor), Linton Garner (piano), Bernie Mackey (guitare), Nick Aldrich (basse Fender), Norman Marshall Villeneuve (batterie). Enregistré par N. Villeneuve au Rockhead's Paradise (1963).
4. Blues Jam (jam session) 10:57
Rockhead's Paradise Show Band : Allan Wellman (trompette), Alvin Pall (saxophone ténor), Linton Garner (piano), Nick Aldrich (basse Fender), Norman Marshall Villeneuve (batterie). Enregistré par N. Villeneuve au Rockhead's Paradise (1963).
5. Impressions (Coltrane) 4:20
6. Sunny (Hebb) 3:17
7. Milestones (Davis) 4:53
Nelson Symonds (guitare), Charlie Biddle (contrebasse), Norman Marshall Villeneuve (batterie). Enregistré au Stereo Sound Studio (1969).
Producteurs exécutifs : Norman Marshall Villeneuve, Louise Artibello-Villeneuve.
Conversion des bandes originales, restoration sonore et ingénieur du son par Andre White - Montréal 2013.
Ingénieur du son, mixage, conservation par Jesse Jaeo Tolbert, Studio Mekka - Montréal 2007.
Masterisé par LANDR, Jesse Jaeo Tolbert, Studio Mekka.
Producteur, mise en page, média, Louise Artibello-Villeneuve, éditrice.
Direction artistique, design, Irena Dimovsky, NuArt Media.
Production des CDs, Jerry Fielden, Analogue Media (Duplication CA).
Photographie de la couverture, Paul Litherland d'une oeuvre originale de Michel Gauthier.
Photo du Rockhead's Show Band avec les Louis Armstrong All Stars ©Bert Jaye.
Photo du Black Bottom ©Bert Jaye, permissions, par Charles Burke.
Photo de Charlie Biddle, permissions, par Constance Biddle.
Toutes les autres photos, photos personnelles, courtoisie de la Norman Marshall Villeneuve Jazz Collection.
Producteurs exécutifs : Norman Marshall Villeneuve, Louise Artibello-Villeneuve.
Conversion des bandes originales, restoration sonore et ingénieur du son par Andre White - Montréal 2013.
Ingénieur du son, mixage, conservation par Jesse Jaeo Tolbert, Studio Mekka - Montréal 2007.
Masterisé par LANDR, Jesse Jaeo Tolbert, Studio Mekka.
Producteur, mise en page, média, Louise Artibello-Villeneuve, éditrice.
Direction artistique, design, Irena Dimovsky, NuArt Media.
Production des CDs, Jerry Fielden, Analogue Media (Duplication CA).
Photographie de la couverture, Paul Litherland d'une oeuvre originale de Michel Gauthier.
Photo du Rockhead's Show Band avec les Louis Armstrong All Stars ©Bert Jaye.
Photo du Black Bottom ©Bert Jaye, permissions, par Charles Burke.
Photo de Charlie Biddle, permissions, par Constance Biddle.
Toutes les autres photos, photos personnelles, courtoisie de la Norman Marshall Villeneuve Jazz Collection.
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Surnommé le «Art Blakey canadien», Norman Marshall Villeneuve, né en 1938, appartient sans doute à la dernière génération à avoir fréquenté les clubs montréalais avant leur déclin. Ayant grandi dans la Petite Bourgogne et Saint-Henri, cousin d'Oliver Jones avec lequel il jouera souvent, il a étudié la musique avec Daisy Peterson-Sweeney (la célèbre soeur d'Oscar) - Villeneuve appartient donc à cette communauté dont sont issus plusieurs générations de jazzmen qui ont fait la réputation de Montréal comme ville de jazz. Si, à 85 ans passés, Villeneuve semble maintenant retiré, il avait fait paraître (grâce entre autres à la ténacité de son épouse Louise Artibello-Villeneuve) ce CD en 2017, tirant de ses archives personnelles quelques enregistrements d'autant précieux que peu subsiste de cette époque faste mais rarement documentée.
S'étendant sur une période d'un peu plus de 10 ans pendant laquelle la face du jazz montréalais s'est vue changer radicalement, cette anthologie s'ouvre sur une version de Love For Sale de Cole Porter en trio formé de Villeneuve, du guitariste Ivan Symonds et du bassiste Nick Aldrich. Aldrich, qu'on entend sur 3 des 7 pièces ici, était un américain, vétéran du "Tramp Band" (orchestre de fortune, ou "washboard band") originaire de Chicago au début des années 1930 - une version tardive du groupe, avec Aldrich au piano, avait échoué à Montréal en 1949-50 et plusieurs de ses membres y restèrent par la suite, dont le leader Al Cowans et Aldrich, qui allait bientôt passer à la basse électrique. Ivan Symonds, cousin d'un autre Symonds plus célèbre, Nelson, était selon cette pièce un guitariste au style nerveux et dynamique, quelque peu fruste mais fort efficace - Villeneuve offre un accompagnement inlassable et laisse place à son style explosif dans les breaks. The Theme, pièce à riffs reprise par d'innombrables petits groupes des années 1950 et 1960, est ici créditée au héros de Villeneuve, Art Blakey. L'organiste Buddy Jones, omniprésent dans les clubs montréalais des années 1960, aurait été un américain venu en ville avec le CBC Trio (rien à voir avec la radio d'État) vers 1957; son solo plutôt discret en fait un styliste opposé aux excès parfois exacerbés d'un Jimmy Smith. Nelson Symonds fait sa première apparition de cette anthologie, ses échanges avec l'organiste tirant nettement cette performance vers le haut. Les deux pièces suivantes sont créditées au Rockhead's Paradise Show Band, groupe chargé d'accompagner les spectacles au légendaire club de Rufus Rockhead, un des rares clubs nord-américains étant la propriété de Noirs; on peut par ailleurs se faire une idée des revues du lieu en mettant la main sur une copie du vinyle Ebony in Rythem paru sur Capitol vers 1964. Dirigé par le vétéran trompettiste Allan Wellman (il avait joué sur les premiers disques de bebop faits au Canada avec l'orchestre du Café St. Michel en 1949), l'ensemble pouvait aussi compter sur l'excellent saxophoniste Alvin Pall et sur un pianiste originaire de Pittsburgh et frère du célèbre Erroll Garner, Linton Garner, en plus de Villeneuve, Aldrich et d'occasionnels visiteurs comme le guitariste Bernie Mackey. Leurs versions décontractées de Out of Nowhere et d'un blues sont ni plus ni moins des jams sur des thèmes très connus, mais il n'en font pas moins ressortir la sobre originalité de Wellman, trompettiste au style clair et sans fioritures; la sonorité douce-amère de Pall, saxophoniste véloce parfois proche des combattants de Chicago à la Johnny Griffin ou Clifford Jordan; et la propulsion phénoménale de Villeneuve, qui mène la section rythmique avec une remarquable intensité. (Remarquons au passage l'utilisation par Pall du thème de Charlie Parker Barbados à la fin du Blues Jam).
Les trois pièces qui ferment l'anthologie sont d'une qualité sonore nettement supérieure aux enregistrements amateurs réalisés sur le moment par Villeneuve. Le trio formé du batteur, de Nelson Symonds et de Charles Biddle à la contrebasse aurait gravé ces trois pièces (un blues supplémentaire se retrouve sur YouTube) pour les frères De Villiers (Burt et Art) en 1969 au Stereo Sound Studio. Symonds avait déjà été encensé par Wes Montgomery dans une entrevue télévisée («s'il vient jamais ici, c'en est fini»), il est intéressant de comparer cette courte version de la pièce de Coltrane, Impressions, avec la fameuse version de Montgomery. Villeneuve se montre encore une fois un accompagnateur dynamique et attentif, et Biddle est très présent dans le mix. Une version du populaire Sunny de Bobby Hebb est une occasion d'apprécier les talents d'harmonisateur de Symonds. Une interprétation de Milestones de Miles Davis présente sans doute le meilleur de ce trio, Symonds livrant ses phrases hachées avec une redoutable efficacité alors que Biddle et Villeneuve installent un swing irrésistible.
Nous ne pouvons qu'être reconnaissants à Norman Marshall Villeneuve d'avoir su conserver et désormais rendre publics ces enregistrements historiques; comme il le dit lui-même dans les notes de la pochette, ce sont probablement les seules parutions de musique enregistrée dans ces lieux désormais mythiques que sont le Rockhead's Paradise et le Black Bottom. Ces quelques pièces sont de précieux documents du jazz montréalais, et nous ne pouvons que souhaiter que d'autres sessions issues d'archives privées ou publiques voient le jour dans les prochaines années.
S'étendant sur une période d'un peu plus de 10 ans pendant laquelle la face du jazz montréalais s'est vue changer radicalement, cette anthologie s'ouvre sur une version de Love For Sale de Cole Porter en trio formé de Villeneuve, du guitariste Ivan Symonds et du bassiste Nick Aldrich. Aldrich, qu'on entend sur 3 des 7 pièces ici, était un américain, vétéran du "Tramp Band" (orchestre de fortune, ou "washboard band") originaire de Chicago au début des années 1930 - une version tardive du groupe, avec Aldrich au piano, avait échoué à Montréal en 1949-50 et plusieurs de ses membres y restèrent par la suite, dont le leader Al Cowans et Aldrich, qui allait bientôt passer à la basse électrique. Ivan Symonds, cousin d'un autre Symonds plus célèbre, Nelson, était selon cette pièce un guitariste au style nerveux et dynamique, quelque peu fruste mais fort efficace - Villeneuve offre un accompagnement inlassable et laisse place à son style explosif dans les breaks. The Theme, pièce à riffs reprise par d'innombrables petits groupes des années 1950 et 1960, est ici créditée au héros de Villeneuve, Art Blakey. L'organiste Buddy Jones, omniprésent dans les clubs montréalais des années 1960, aurait été un américain venu en ville avec le CBC Trio (rien à voir avec la radio d'État) vers 1957; son solo plutôt discret en fait un styliste opposé aux excès parfois exacerbés d'un Jimmy Smith. Nelson Symonds fait sa première apparition de cette anthologie, ses échanges avec l'organiste tirant nettement cette performance vers le haut. Les deux pièces suivantes sont créditées au Rockhead's Paradise Show Band, groupe chargé d'accompagner les spectacles au légendaire club de Rufus Rockhead, un des rares clubs nord-américains étant la propriété de Noirs; on peut par ailleurs se faire une idée des revues du lieu en mettant la main sur une copie du vinyle Ebony in Rythem paru sur Capitol vers 1964. Dirigé par le vétéran trompettiste Allan Wellman (il avait joué sur les premiers disques de bebop faits au Canada avec l'orchestre du Café St. Michel en 1949), l'ensemble pouvait aussi compter sur l'excellent saxophoniste Alvin Pall et sur un pianiste originaire de Pittsburgh et frère du célèbre Erroll Garner, Linton Garner, en plus de Villeneuve, Aldrich et d'occasionnels visiteurs comme le guitariste Bernie Mackey. Leurs versions décontractées de Out of Nowhere et d'un blues sont ni plus ni moins des jams sur des thèmes très connus, mais il n'en font pas moins ressortir la sobre originalité de Wellman, trompettiste au style clair et sans fioritures; la sonorité douce-amère de Pall, saxophoniste véloce parfois proche des combattants de Chicago à la Johnny Griffin ou Clifford Jordan; et la propulsion phénoménale de Villeneuve, qui mène la section rythmique avec une remarquable intensité. (Remarquons au passage l'utilisation par Pall du thème de Charlie Parker Barbados à la fin du Blues Jam).
Les trois pièces qui ferment l'anthologie sont d'une qualité sonore nettement supérieure aux enregistrements amateurs réalisés sur le moment par Villeneuve. Le trio formé du batteur, de Nelson Symonds et de Charles Biddle à la contrebasse aurait gravé ces trois pièces (un blues supplémentaire se retrouve sur YouTube) pour les frères De Villiers (Burt et Art) en 1969 au Stereo Sound Studio. Symonds avait déjà été encensé par Wes Montgomery dans une entrevue télévisée («s'il vient jamais ici, c'en est fini»), il est intéressant de comparer cette courte version de la pièce de Coltrane, Impressions, avec la fameuse version de Montgomery. Villeneuve se montre encore une fois un accompagnateur dynamique et attentif, et Biddle est très présent dans le mix. Une version du populaire Sunny de Bobby Hebb est une occasion d'apprécier les talents d'harmonisateur de Symonds. Une interprétation de Milestones de Miles Davis présente sans doute le meilleur de ce trio, Symonds livrant ses phrases hachées avec une redoutable efficacité alors que Biddle et Villeneuve installent un swing irrésistible.
Nous ne pouvons qu'être reconnaissants à Norman Marshall Villeneuve d'avoir su conserver et désormais rendre publics ces enregistrements historiques; comme il le dit lui-même dans les notes de la pochette, ce sont probablement les seules parutions de musique enregistrée dans ces lieux désormais mythiques que sont le Rockhead's Paradise et le Black Bottom. Ces quelques pièces sont de précieux documents du jazz montréalais, et nous ne pouvons que souhaiter que d'autres sessions issues d'archives privées ou publiques voient le jour dans les prochaines années.