mardi 31 mars 2009

David S. Ware: Shakti (AUM Fidelity, 2008).


AUM Fidelity AUM052 (2008). 

David S. Ware (saxophone ténor, kalimba sur 4), Joe Morris (guitare, percussion sur 4), William Parker (contrebasse), Warren Smith (batterie). Systems Two Studio, Brooklyn, 9 mai 2008. 

1. Crossing Samsara 9:39
2. Nataraj 18:10
3. Reflection 12:38
4. Namah 8:27
5. Antidromic 9:26
6. Shakti 9:33
a) Durga
b) Devi
c) Kali

Toutes les compositions par David S. Ware. 

Enregistré par Michael Marciano. 
Mixé et masterisé avec Michael Marciano chez Systems Two. 
Produit par Steven Joerg et David S. Ware. 
Illustrations: art traditionnel des femmes de Madhubani, état de Bihar, Inde du Nord. 
Design par Ming@409. 

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Entre ciel et terre (publié par FAH le 31 mars 2009). 

Après quinze ans à la barre de son célèbre quartette (avec Matthew Shipp, William Parker et différents batteurs au fil des ans), David S. Ware nous offre ici le premier enregistrement d'une nouvelle formation qui nous permet d'entendre le saxophoniste - au sommet de son art - dans un contexte différent. Les habitués seront peut-être déstabilisés par la présence de Joe Morris, guitariste foncièrement original, dont le style aérien apporte un contraste intéressant au jeu musclé du leader. Pour sa part, toujours fidèle au poste, William Parker est un accompagnateur attentif et dynamique, sachant varier les combinaisons rythmiques tout en maintenant un lien terrestre à cette musique souvent incantatoire. Le contrebassiste laisse ainsi tout l'espace au vétéran batteur Warren Smith (dont on ne croirait jamais qu'il a 74 ans!) pour développer un jeu très ouvert, tout en nuances. Ware lui-même est magistral, son saxophone volubile flottant avec autorité par-dessus la rythmique. Si on a souvent mentionné Sonny Rollins parmi ses influences, c'est plutôt à Charles Lloyd (!) qu'il fait penser ici par moments, les deux saxophonistes partageant ce goût des phrases flottantes, pour ne pas dire bourdonnantes. 

Les six compositions du saxophoniste sont souvent bâties sur des idées assez simples: phrases ou motifs rythmiques répétés, par exemple. Certaines sont plutôt mémorables et mériteraient de devenir des pièces du répertoire, comme l'ouverture, Crossing Samsara, ou Antidromic, notemment. Nataraj a droit à une interprétation-fleuve de plus de 18 minutes, une performance remarquable bâtie à partir d'un simple motif de contrebasse et d'une courte mélodie qui revient dans les solos comme un leitmotiv. Le ténor de Ware est presque déchirant dans Reflection, quasi-ballade qui permet aussi de constater la formidable capacité d'invention de Smith, aux balais. Voici donc un album qui est un plaisir d'un bout à l'autre, et qui est assuré, sinon de devenir un classique, du moins de figurer parmi les meilleurs disques de 2009.